Malédiction quand tu nous tiens [PV BENJAMIN]

Maudite nausée. Heureusement pour moi, cela est arrivée après que j'ai fini de remettre mes élèves à leurs parents, mais mon assistante m'a lancer un drôle de regard. Je me redresse doucement et tire la chasse d'eau avant de quitter l'étroit espace que sont les toilettes. Le reflet que me renvoie la glace en face de moi, il me terrifie, je suis blanche et un mal de tête commence à poindre le bout de son nez. Je ne peux m'empêcher de baisser mon regard vers mon ventre, il y a un petit être qui est en train d'y grandir et je n'arrive toujours pas à m'y faire. Dans d'autres circonstances, j'aurais été plus qu'heureuse, mais là, il y avait beaucoup de choses qui faisaient que je ne peut me réjouir totalement. Bien sur, cet enfant je l'aime déjà de tout mon cœur, mais comment est-ce que je vais lui expliquer dans quelques années que son père n'est autre que celui qui vit avec sa tante ? Pour qui est-ce qu'il va me prendre ? Certainement pas pour la mère de l'année, mais plutôt pour la traînée du siècle. Je passe un coup d'eau sur mon visage avant de sortir et de retourner dans ma salle de classe. Cet endroit est le seul où je me sente réellement bien, encore plus quand j'entends les rires de mes élèves. Tout est ranger et il ne me reste qu'à attraper mon sac ainsi qu'a éteindre les lumières. Il n'y a plus personne à cette heure et je ne peux m'empêcher de souffler de soulagement, je ne voudrais pas tomber sur Lewis, sinon il me faudrait des explications. Dans un sens j'aimerais les avoir tout de suite, mais dans un autre, j'aimerais devenir une petite souris pour ne pas tomber sur lui. Que la vie peut-être difficile par moment.

Une fois la porte de l'entrée de l'école fermée à double-tour, je me dirige vers le petit parking réserver aux enseignants et je grimpe rapidement dans ma voiture. A peine le contact enclenché que la musique résonne dans l'habitacle et je ne peux m'empêcher de suivre la voix de Norah Jones et sa reprise de Over the Rainbow. C'est presque instinctivement que je conduit, il faut dire que je fait le même chemin pratiquement tout les jours, deux fois. Puis, je connaît Byron Bay comme ma poche. La plupart des commerçants ont déjà baisser leur store et je soupire en prenant conscience que j'aurais du aller faire quelques courses, seuls les bars sont encore ouvert. Ce n'est réellement pas mon jour, je commanderais une pizza une fois arrivée. En tournant à gauche, j'aperçois sur le trottoir un jeune couple dont l'homme pousse une poussette ou se trouve un petit bambin qui ne doit pas encore avoir un an. Un petit sourire viens sur mes lèvres et je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'oeil dans mon rétroviseur une fois que je les est dépasser. Je roule tranquillement, je ne suis pas vraiment presser de rentrer chez moi, seule. C'est vraiment déprimant, cela l'aurait été moins si j'avais eu un homme dans ma vie. Je ne peux pas dire que j'ai été chanceuse en amour, c'est même loin d'être le cas, à chaque fois quelque chose n'allait pas. A force, j'ai perdu espoir de trouver celui qui me convenait, c'était avant de rencontrer Lewis. Nous avons tellement de chose en commun, mais il aime ma sœur.

Mais j'ai de la chance dans mon malheur, je peux compter sur mon meilleur ami pour me remonter le moral. Il est vraiment un as dans ce domaine et je ne l'échangerais pour rien au monde. Par moment, je me demande si ça n'aurait pas été mieux pour nous de rester ensemble, même si nous n'avons aucuns sentiments amoureux l'un pour l'autre. Nous aurions pu être heureux. J'arrive à proximité de Fools Garden quand ma voiture commence à faire un drôle de bruit, ce qui n'est certainement pas bon signe. Au bout de quelques mètres, alors que je prie pour arriver jusqu'à chez moi sans problèmes, elle se stoppe dans un soubresaut et refuse de redémarrer. Et voilà, c'était tout ce qu'il me fallait pour finir la journée en beauté. Légèrement énervée, je sort de l'habitacle et soulève le capot, chose complètement inutile puisque je n'y connaît rien en mécanique. Après avoir compris que je n'y pourrait rien, j'attrape mon sac et fouille à l'intérieur pour trouver mon téléphone portable. Impossible de mettre la main dessus, puisque je l'ai oublier dans la salle de repos/cuisine de l'école. Là, j'ai vraiment envie de me jeter de je ne sais où pour que l'on oublie combien je peut être tête en l'air. Le pire c'est que je suis à cinq kilomètres de chez moi et que je ne me sens pas du tout la force de rentrer à pied, retourner dans le centre me semble aussi difficile. Complètement vidée, je me laisse tomber sur le banc se trouvant à proximité en essayant tant bien que mal de retenir mes larmes.