AARON || He was wearing skinny jeans, had funky hair & the cutest british accent ever.

(J'écris à la troisième personne du singulier, toujours. Cependant, pour cette présentation, je pense que la première s'y prête davantage. So, here we go.)

Croyez vous au paranormal? Pas le moins du monde. En réalité, je ne crois en rien. Toutes ces croyances ne sont qu'un ramassis de conneries pour infantiliser l'homme, le soumettre ou lui faire croire que sa misérable existence sera un jour moins merdique. Foutaises. Je ne crois pas au paranormal, ni en Dieu, ni en l'Homme. Je ne crois pas en moi, ni en mes semblables. A la limite, je crois en la musique. Mais c'est tout. Et ne me bassinez pas avec vos conneries, je vous vois venir. Non, je ne suis pas défaitiste. Je suis simplement lucide sur la nature intrinsèquement mauvaise de l'Homme et sur le système castrateur et ridicule dans lequel nous évoluons. Vous saisissez la différence ?

Avez-vous déjà vécu un évènement surnaturel ? Jamais. A moins que le suicide de mon père parce que la pute de qui il s'était entiché l'avait largué soit un évènement surnaturel d'après vous ? Pour le gamin de onze ans que j'étais, ouais, c'était une sacrée claque. Et surréaliste qui plus est. Pourquoi l'homme que j'admirais le plus au monde s'était pendu dans le garage ? Pourquoi, bordel ? Alors qu'il avait une femme aimante, et un gosse qui ne voyait que par lui ? Jamais je n'aurais pensé que mon père trompait ma mère. Jamais je n'aurais pu imaginer un scénario aussi dégueulasse. Depuis, faut pas s'étonner que j'ai tout d'un handicapé sentimental. Je crois que j'ai chopé la même maladie que mon paternel, et ça me dégoûte : je pourrais crever par amour. Et partager quoi que ce soit avec un lâche doublé d'un égoïste, ça me révulse. Oh, attendez, le fait qu'ont m'ait diagnostiqué une tumeur au cerveau très récemment, ça compte comme surnaturel ? Non ? Tant pis. Je crèverai d'un truc banal, comme des millions avant moi. Après tout, j'ai toujours voulu vivre vite & mourir jeune, je devrais être content.

Pensez-vous qu'une malédiction peut frapper après 200 ans ? Vous en avez pas marre de me râbacher les oreilles avec votre malédiction ? Je n'y crois pas. Ni maintenant, ni jamais. A moins que votre Seva bien-aimée ne vienne me rendre une visite très prochainement, ce n'est pas prêt de changer. Alors vos questions redondantes, gardez-les pour effrayer les petits naïfs que le folklore de la ville intéresse, merci.

Que pensez-vous de Seva Bildway ? Rien. On m'a raconté l'histoire maintes fois, souvent romancée d'ailleurs et ça ne m'inspire pas grand chose. Une histoire digne des chaînes idiotes qui pullulent sur le net, tout au mieux. Par contre, cette fille était sacrément jolie, je ne lui ôterai pas ça.

Depuis quand vivez-vous à Byron Bay ? C'est un peu délicat. J'ai grandi à Londres, en Angleterre puisque c'est là que mes parents se sont rencontrés. J'y ai vécu jusqu'à mes onze ans. A la mort de mon père, ma mère est rentré au pays, à Byron Bay. J'ai dépéri ici jusqu'à mes dix huit ans, l'obtention de mon diplôme, et je suis parti ailleurs faire mes études. A New York, précisément. J'étudiais la littérature, qui est bien la seule foutue chose au monde capable de m'apaiser, avec la musique. Ça n'a pas marché comme je le voulais, j'ai tout abandonné. Mais je suis resté à New York. Je suis de retour à Byron Bay depuis peu, et c'est pas de gaieté de coeur. On m'a diagnostiqué une connerie de tumeur et j'ai pensé que mes dernières heures je devais les passer près de ma mère. Je sais que ça la tuerait de me savoir mourant, et loin d'elle. Il faut dire que j'suis son seul fils, et que ma soeur est une pétasse finie. Le stéréotype de la garce de série tv égoïste. Moi je suis peut être le cliché de l'artiste maudit paumé de base, anti-capitaliste et j'en passe, mais au moins, ma mère passe avant moi.

Est-ce que vous vous y sentez bien ? Quelle question ! Bien sûr que non. Je ne m'y suis jamais senti chez moi. Pourtant, croyez moi, je ne suis pas matérialiste. Je vivais dans un sacré taudis à New York avec le strict minimum, dépenser de l'argent me fait vomir et je déteste tout ce qui m'ancre davantage le système. Mais... passer des quartiers vrombissants de Londres, à l'art underground d'une ville qui ne dort jamais, à... une bourgade Australienne gangrénée par ses légendes, c'est assez hardcore. Adolescent, je me suis pourtant plu dans cette bourgade. J'avais une guitare, des livres par centaine, rien d'autre ne comptait. Et les filles. Les filles. L'amour m'ouvrait ses bras et j'ai donc vécu ici mes plus belles années. Maintenant que je suis revenu, non, je ne m'y plais pas. J'ai l'impression de dépérir et d'étouffer au milieu de tous ces gens bien trop fermés d'esprit, englués dans leurs légendes idiotes.