GARAGE'S MEETING ♦ PV Jordan & Epsy

Il était dans les environs d'une heure lorsqu'un gémissement canin me réveilla en sursaut. La pièce était éclairée par le soleil d'automne, lorsque je regardais autour de moi mes yeux se déposèrent sur la bête noire au regard suppliant. Je savais à quel moment Pazop me faisait ces yeux là, il était aussi manipulateur que mon coloc; en un simple regard il nous faisait craquer... Sauf que sur le labradors, cette technique marchait réellement. Je massais mon crâne ; foutu migraine! Après chaque nuit d'insomnie c'était la même chose; j'avais droit à un cerveau prêt à exploser... "Epsy, tu devrais prendre des vacances" m'avait dit un jour mon frère. Facile à dire pour quelqu'un qui n'est pas foutu de garder un boulot plus d'un mois. Une heure de l'après midi... Encore une journée gâchée. Je me levait du fauteuil en cuir avec délicatesse ; il ne faut jamais me brusquer à mon réveil au risque de le sentir passer, c'est ça vivre avec une femme au caractère de chien...

Pazop ne me quittait pas des yeux, il était assis au milieux de la pièce, inclinant la tête de droite à gauche pendant que je m'ingurgitait plusieurs cafés bien serrés, pris une douche d'une demi heure, et enfila un training moulant et un sweat-shirt. Alors que je retournais dans la salle de bain pour me sécher les cheveux, je glissa sur une grande étendue d'eau. « Fait chier! » fut suivit d'un long grognement canin. Saletés de tuyauterie ! En plus d'être tombée sur un coloc' égocentrique se prenant pour le Don Juan de sa nouvelle génération, se rajoutait des problèmes de tuyauterie... Je ne sais pas si Mike s'était foutu de ma gueule en disant "C'est l'homme qu'il te faut" mais il ne devait surement pas me prendre au sérieux.

Je fermais à clé derrière moi, j'aurais très bien pu ne pas le faire, j'avoue que j'aurais bien voulu voir la tête que tirerai Jordan après avoir remarqué que son appartement s'était fait cambrioler, mais en même temps j'avais aussi des affaires précieuses là dedans... Et puis malheureusement je lui était quand même redevable à cet emmerdeur. Comme si le chien avait pu lire dans mes pensés il me dégota un regard soupçonneux... « Je plaisante ! je sais que tu l'aimes bien... mais avoue quand même que c'est un putain d'emmerdeur! » nouveaux grognement. Je n'aurais jamais le dernier mot avec lui.

Il faisait frai dehors, un bon vieux vent d'automne qui vous fait bien frissonner, j'aurai du prendre mon écharpe. Lorsque je faisais mon footing du matin - que j'entamais d'habitude dans les environs de 7h - je ne pouvais me passer de mon bon gros vieux labradors et ces pattes tellement lourdes qu'il semblait avoir du mal à courir. Alors que j'entrepris mon chemin habituel, je décidais de m'arrêter au garage de Jordan, il devais absolument connaître ma mauvaise humeur; après tout c'était de sa faute si je m'était pété le pied contre le lavabo, et devait donc en subir les conséquences. Je rentrais dans le garage, je savais qu'il m'avait entendu, je sentait son sourire narquois a travers la bagnole ; « Je te manquais tant que ça, ma belle … » Quand je vous l'avais dit qu'il se croyait irrésistible... Je ne supportait pas quand il terminait par "ma belle" et il le savait très bien... « Ça tombe bien que tu sois là, je pensais justement à un bon petit plat pour ce soir … que tu pourrais me préparer amoureusement, » J'avais beau me plaindre de lui, j'adorais ce petit jeux de "qui sera le plus fort"; rien de tel qu'un mâle soit disant dominant à remettre en place. « Avant que tu pense à la bouffe, essaye d'enregistrer dans ta petite cervelle qu'il y a la tuyauterie de la douche prête à nous exploser à la gueule! Je sais que tu prends énormément de temps à te prendre pour le nouveaux casanova de ces dames, ce qui est aussi difficile pour toi de comprendre que ce n'est qu'une illusion puis-ce que tes techniques de dragues ne sont qu'un échec...» Je marqua une pose et soupira longuement «Tu sais je comprend que c'est difficile, mais il faudra te rendre à l'évidence... Tu n'as définitivement pas autant de charisme que Heath Ledger... » Je riait intérieurement et savourait d'avance notre conversation. Étant donné que je ma journée allait être courte et plate, Jordan faisait un bon petit divertissement.

J'aimais entendre Mccallister rire pour la simple et unique raison que ce rire dissimule toujours une blessure quelconque, aussi minuscule soit-elle. Il était aussi fière que moi, à se cacher derrière un masque de plaisanteries pour enfouir ces propres faiblesses. C'est d'ailleurs pour ça qu'un léger sourire de satisfaction s'afficha sur mon visage lorsqu'il éclata ouvertement de rire. « Outch … tu viens d’anéantir tous mes espoirs. Cela dit, je ne m’avoue pas vaincu, » Quel ironie, pourquoi s'avouer vaincu ? c'était là tout l'attrait du jeux; aucun de nous n'allais s'avouer vaincu. Plus le temps passait et plus je commençais à me demander si on ne faisait pas partie de ces groupes de timbrés de sado-masochistes. C'était ça l'idée non? Attendre une réplique blessantes pour mieux savourer la réponse qui allait suivre... C'est bien ça; de vrais timbrés.

« Tant pis pour le super plat dont je rêvais, on commandera encore chinois. Ou pizza tiens. Quant à la tuyauterie, ça n’a jamais autant déconné que depuis que tu es arrivée … » C'est là qu'il s'approcha de moi, je croisais les bras et pencha la tête sur le côté sans jamais effacer mon sourire narquois. On aurait pu croire que j'allais attraper une crampe mais c'était devenu une habitude avec Jordan. Il était grand et je dû lever la tête pour le regarder, il était proche, beaucoup trop proche. Satané frissons, qu'est ce qu'il m'arrivait encore ? C'était cette ville qui me rendait aussi folle? Bien entendu j'essayais de dissimuler chacun de mes sentiments, comme à mon habitude, moi non plus je ne m'avouerais pas vaincue, et puis de toute façon je ne l'étais pas! Même si j'avais des réactions étranges à sa proximité... « Est-ce que tu sais que tu es la seule à me résister, Hershey ? Mes techniques de drague marchent plutôt bien avec les femmes dignes de ce nom » C'était à moi cette fois d'éclater de rire. Une femme digne de ce nom ? La blague ! Je me redressais, et me rapprocha encore un peu plus de lui, tu veux me narguer Mccallister? Tu l'auras décidément voulu... A présent il n'y avait que quelques centimètres d'écart entre nos deux corps en sueurs. Le ténébreux était donc frustré de ne pas m'avoir dans sa poche comme toutes les autres ? Ça c'était intéressant! « Des femmes dignes de ce nom? Ha oui ! Tu parles de ces filles faciles en manque de cul et "d'affection" qui craquent pour le premier venu? Sans rire! Heureusement qu'elle ne te résiste pas Mccallister sinon ce ne serait même plus une remise en question qu'il te faut, mais un bon ravalement de façade mon pauvre! »

Pazop semblait amusé, il nous fixait, se grattait le ventre avec la patte de temps en temps, mais sa tête ne faisait que des allés retours entre Jordan et moi. Je fut déçue de le voir d'abaisser sur le chien, mais mes muscles se relâchèrent enfin... Qu'est ce qui m'arrivait bon sang? « Salut toi. Dis-moi comment tu peux être aussi gentil et aussi attachant avec une maitresse aussi haineuse avec moi, hein ? Je vais finir par croire qu’elle ne me déteste pas tant que ça … » Je leva les yeux au ciel et soupira d'un air blasé. C'était petit... presque pas amusant. « C'est un mâle, pas la peine d'essayer de le foutre dans ta poche, et puis surtout c'est un chien, il suffit de lui faire des grattouilles pour qu'il soit fou de toi...» Je marqua une pose et fit semblant de réfléchir. «Ha mais tien, c'est pas toi qui parlait justement des femmes dignes de ce nom? Ça nous fait justement un bon petit rapprochement...»

Il voulait jouer à la séduction? Un peu de piments dans le jeu ne ferais pas de mal... Je m'éloignais de lui et m'engouffra un peu plus dans son garage, m'assit sur son bureau tout en vérifiant être toujours à sa portée de vue. Ho une petite friandise, je la mis immédiatement en bouche tout en faisant attention à ne pas l'ingurgiter trop rapidement. Ce n'était pas un de ces rituel de séduction de blondasses suçant un bonbon devant un mec, non non, moi c'était beaucoup moins provoquant et passe partout, sauf que ça faisait le même effet à un mec. J'en pris une deuxième et le lança dans la direction de Pazop qui le rattrapa au vol, bien sur lui, il était beaucoup moins classe pour ingurgiter ça.

« Tu es venue pour le problème de tuyauterie ou pour m’emmerder ? Quoi que peut-être tu voulais juste me voir, » Au début de mon séjour, j'aurai très bien pu lui répondre sans mentir, sauf que là je du m'efforcer de dissimuler mon mensonge. « Quel question! Le téléphone existe pour des choses aussi futile... Mais là je dois dire que t'emmerder est tellement agréable... » Je lui dégota un sourire rayonnant et fini enfin par faire disparaître le bonbon. D'accord c'était un prétexte pour jouer à son jeu de séduction, mais il faut avouer que je suis une vraie accroc aux bonbons. Pazop avait déjà fini le siens depuis quelques minutes.